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jeudi 8 mars 2012

La fourmi

 
Il était une fois...
une fourmi bleue.
Pas d'un bleu presque noir comme la nuit, pas du bleu de la mer, au loin, quand elle touche l'horizon.
Pas du bleu du ciel quand il est tout propre, après la pluie.
Même pas du bleu de ces jolies turquoises qui nous viennent de Turquie alignées en colliers au cou des belles dames.
Non elle était d'un bleu très bleu, d'un bleu qu'on dit roi, celui des rois de France.
C'était surprenant, assez joli d'ailleurs, et elle en était très fière.
Elle prétendait qu'elle avait du sang bleu, du sang royal, et que le titre de reine lui revenait de plein droit.
Elle refusait de se mêler au peuple pour accomplir les diverses corvées nécessaires au bon fonctionnement de la fourmilière et elle tournait ostensiblement la tête avec mépris quand elle passait devant celle qu'elle considérait comme une usurpatrice et qui n'était bonne qu'à pondre du matin au soir.
Pour elle une reine devait être belle et élégante, courtisée par ses sujets, et n'avoir d'autre but dans la journée que de faire ce que bon lui semblait. En particulier se réveiller très tard le matin, prendre son petit déjeuner au lit, entretenir sa belle couleur avec les meilleurs produits de beauté puis aller faire le tour de son royaume dans son carosse de feuilles dorées et donner quelques ordres par-ci par-là, histoire de s'amuser un peu.
Elle trouvait ridicule cette organisation particulièrement huilée où chacun savait précisément ce qu'il devait faire et le faisait parfaitement tout au long de sa vie sans avoir besoin d'être commandé.
Elle voulait donner un coup de pied dans la fourmilière et monter sur le trône !
Oui mais...
Encore aurait-il fallu pouvoir se faire entendre.
Les fourmis noires, peut être un peu myopes, continuaient à vaquer à leurs occupations dans une indifférence minérale à l'égard des élucubrations et de la couleur de leur congénère.
La reine en titre continuait à engraisser et à pondre sans se préoccuper d'autre chose que de manger la nourriture apportée en permanence par ses sujets et coulait des jours heureux, sereine.
Alors la fourmi bleue se mit en colère, devint toute rouge de rage et partit en claquant la porte fonder une famille dans un autre pays où elle serait reine.
Voilà pourquoi on trouve maintenant dans certains pays des colonies de fourmis rouges.

1 commentaire:

katia a dit…

Adorable ! Il faut les faire éditer, ces jolies petites histoires pleines d'humanité.