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jeudi 5 avril 2012

Petits arrangements personnels avec l'Histoire



L'histoire de la famille Lumière se perd dans la nuit des temps. De ses origines latines, elle a gardé la branche mineure, Lux, moins brillante mais longtemps présente sur le petit écran.
Auguste et Louis Lumière, les frères Lumière.
Ôtez le « frères » et il reste les Lumières, comme le siècle. Ramenez-les à l'unité et on parle d' « une lumière » au savoir exceptionnel. Lumière encore, cette petite ampoule dessinée au dessus de la tête des génies, symbole de l'invention.
Nés dans la lumière, ces enfants ne peuvent donc être qu'éclairés.
Et ce matin-là est particulièrement lumineux chez les Lumière. Il fait beau, à l'extérieur, et chaud bien sûr, le mois d'août est toujours beau et chaud à La Ciotat. Mais il fait beau aussi dans les cœurs. Monsieur et Madame Lumière forment un de ces couples qu'on envie tant ils sont rayonnants, qu'on jalouse même un peu pour le bonheur tranquille qu'ils affichent lorsqu'on les aperçoit, riant aux pitreries de leurs deux petits garçons, Auguste et Louis.
Ce matin précisément Antoine Lumière s'est réveillé radieux et plein d'entrain: aujourd'hui les enfants on va à la plage. Jeanne Joséphine Lumière acquiesce avec un sourire, comme toujours: laisse-moi au moins le temps de les préparer !
Louis, qui d'ordinaire rechigne à sortir de son lit, est déjà assis avec son frère à la table du petit déjeuner.
On aimerait fixer l'image.
Un rayon de soleil tombe sur le pain qu'Antoine Lumière vient de rompre. Jeanne Joséphine Lumière souffle du bout des lèvres sur sa tasse de café brûlant. Les enfants plongent le nez dans leur bol qu'ils tiennent à deux mains pour ne pas le renverser.
Puis on se prépare, on s'affaire, Auguste et Louis courent d'une pièce à l'autre, la bonne remplit le panier du pique-nique. Jeanne Joséphine emporte son ouvrage car elle n'aime pas rester longtemps inactive. C'est un napperon de dentelle destiné à mettre en valeur le vase chinois sur la console de l'entrée. Le motif en est si délicat, le fil si fin qu'on le croirait tissé par la reine des araignées.
Antoine prend le parasol pour que le soleil n'assombrisse pas le teint laiteux de sa délicieuse épouse.
Il n'oublie pas non plus son carnet à dessin, plus léger que l'appareil photo habituel. Il aime bien croquer ses enfants dans leurs jeux et les mouvements sont tellement bien rendus qu'on s'attendrait presque à voir les petits sauter hors de la page.
D'ailleurs Antoine s'amuse parfois à fractionner ces mouvements en plusieurs dessins et lorsque plus tard, pour le plus grand bonheur des siens, il fait très rapidement défiler les feuillets sous la lampe, Louis et Auguste entrevoient leur destin.
Mais il existe aussi une part de lumière qu'on dit noire et ça... c'est une autre histoire.

1 commentaire:

katia a dit…

peut être qu'un bref instant a suffi à composer, de concert, l'aventure du cinéma. Par la récolte minutieuse de chaque détail par les frères en culottes courtes.

Et, en un bref instant, un matin - avant la plage, une fulgurance : la légende était née.