Georges était d'une taille moyenne, d'une corpulence moyenne, d'une allure tout à fait moyenne. Il vivait en moyenne banlieue et travaillait du lundi au vendredi dans une petite et moyenne entreprise pour un salaire plus que moyen. Il ne possédait pas de maison de campagne, pas de chalet de montagne, pas même une cabane de pêcheur où il aurait pu passer le samedi et le dimanche. Le seul signe qui différenciait le weekend du reste de la semaine était qu'il ne se rasait pas.
Or un lundi matin, alors qu'il se dévisageait dans la glace de la salle de bain, il trouva que cette barbe naissante lui donnait plutôt belle allure.
Et de lundi en lundi, en se rasant, il y pensa.
Pourquoi pas président?
De la république bien sûr, pas de l'amicale des barbus de sa banlieue.
La perspective de changer de vie le séduit, il ne lui restait plus qu'à séduire le plus grand nombre pour être élu. Bien sûr il lui faudrait un programme. Mais en ce temps de toute puissance des média et des agences de communication, il lui fallait avant tout un style.
Une étude approfondie des portraits présidentiels passés ou contemporains l'amena à conclure que si la moustache seule avait laissé de mauvais souvenirs, associée à une petite barbichette elle donnait une certaine prestance, voire de l'autorité.
Le sceptre étant complètement désuet, il hésita un instant entre la faucille et le marteau puis opta pour la rose qui avait fait ses preuves, au moins pour un temps.
Pour le choix de la tenue, il devait prendre en compte deux paramètres essentiels. D'une part, en matière de longévité, la reine d'Angleterre bien que non élue n'avait pas démérité. Et Angella était en passe de devenir maîtresse du monde malgré ou grâce à son goût prononcé pour les vêtements de ménagère. La féminité étant à n'en pas douter d'une folle modernité, il porterait donc une robe.
C'est ainsi qu'il se présenta au regard de ses futurs électeurs.
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