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jeudi 31 mars 2011

En attendant les vacances...

Les aventures de Fuldegerbert:


Ce matin-là Fuldegerbert partit chantant sur le chemin le cœur en fête et les pieds joyeux poilus dans ses baskets et droit dans ses bottes qu’il avait chaussées au cas où il pleuvrait mais le ciel était serein le soleil déjà haut et chaud dardait ses rayons par delà les champs et les prés parsemés de pâquerettes et de piquants chardons grignotés par quelques chèvres frivoles batifolant dans la luzerne entretenue amoureusement par monsieur Seguin afin que sa vache Blanchette dont la robe toute blanche était rehaussée d’une tache noire entre les naseaux offre ce lait si parfumé qu’une servante accorte apportait tous les matins dans la chambre de Fuldegerbert et la vue de ses boucles blondes de ses mollets dodus et de ses chevilles légères lui donnait ce jour là beaucoup d’entrain en train de rêver qu’il était à ce qu’il y avait sous ce corsage et pour le coup sa couverture était en forme très en forme donc il sauta vite sous la douche avant de partir chantant tout guilleret sur le chemin le cœur en fête et les pieds joyeux poilus dans ses baskets et droit dans ses bottes qu'il avait chaussées au cas où il pleuvrait mais il ne pleuvait pas et il avançait d'un bon pas sur la route de la ville son panier au bras sous les yeux ébahis des chèvres et de Blanchette plus habituées à voir Brunehaut l'accorte servante courir vers le marché en quête de provisions pour le repas de Fuldegerbert qui aujourd'hui devait se débrouiller tout seul car la pétulante Brunehaut était souffrante depuis le matin et ce n'était pas étonnant car la veille ils avaient batifolé dans la luzerne humide et le froid lui était tombé sur la poitrine qu'elle avait ma foi fort appétissante dans son écrin de velours noir lassé jusqu'à la taille si fine qu'une guêpe en serait morte instantanément de jalousie et qui donnait des idées printanières à Fuldegerbert même en hiver en tout bien tout honneur bien sûr non qu'Aldebert le mari de Brunehaut fût jaloux mais quand même faut pas pousser et donc ce matin là la servante était un peu enrhumée car le petit caraco de velours bien qu'extrêmement seyant ne valait pas un bon paletot fourré qui aurait protégé ses bronches fragiles depuis que petite elle avait contracté une mauvaise grippe en jouant à saute-mouton sous la pluie avec son petit voisin Aldebert eh oui déjà malgré l'interdiction de sa mère Eldéarde toujours inquiète de la savoir dehors par mauvais temps sachant que la pénicilline n'était pas encore prête et que la tisane de fleurs de cactus préparée par sa voisine Gaillardine était difficile à obtenir vu que les vaches dévoraient les bourgeons sur les épines comme des olives d'apéritif sur des cure-dents bien avant la floraison alors il valait mieux être prudent c'est ce que disait toujours Fuldegerbert qui avait mis ses bottes ce jour-là au cas où il pleuvrait mais il ne pleuvait pas contrairement aux prévisions de Grisegonelle sa grenouille d'habitude infaillible en matière de météo mais qui depuis quelques temps commençait à donner des signes de faiblesse dans son bocal comme par exemple se prélasser dans le fond quand elle aurait dû grimper sur son échelle ou inversement et cela d'une façon complètement aléatoire ce qui rendait difficile le choix des vêtements pour la journée car on ne savait plus si le temps allait être pluvieux ou ensoleillé et on ne pouvait plus faire de projet précis alors malgré toute l'affection que Fuldegerbert portait à sa grenouille il devait bien admettre que son emploi de météorologue était fortement menacé ce qui en période de précarité n'est jamais une bonne nouvelle d'autant que Grisegonelle avait déjà remarqué chez Brunehaut des mouvements d'humeur et un agacement très marqué lorsqu'elle rentrait du marché complètement trempée et grelottante dans sa robe légère après avoir essuyé l'averse que le maudit animal c'est ainsi qu'elle la nommait n'avait pas prévue sans compter les fois où elle bousculait le bocal en époussetant les meubles et celles où elle oubliait de rajouter de l'eau et laissait la grenouille la bouche sèche et la voix enrouée jusqu'à ce que Fuldegerbert se précipite pour la remettre à flot occasionnant ainsi des variations notables et intempestives dans l'hygrométrie du bocal et par voie de conséquence des défaillances sérieuses et répétées dans les prédictions de la bestiole laquelle en outre s'empâtait un peu en prenant de l'âge ce qui lui faisait la cuisse plus dodue et lui rappelait le jour où la vue de Brunehaut feuilletant avec gourmandise un livre de cuisine au chapitre cuisses de grenouille l'avait jetée dans un abîme de terreur son corps parcouru de frissons d'horreur et dans les yeux des hallucinations neigeuses en plein été au grand dam de Fuldegerbert sortant derechef ses bottes au cas où il neigerait mais il ne neigeait pas évidemment au mois d'août ou alors c'est que le temps est complètement chamboulé ce qui n'aurait rien d'étonnant comme disait Ingebald son voisin avec tout ce qu'on voit et tout ce qu'on entend il faut s'attendre à tout c'est sûr car si on continue à expédier n'importe quoi dans le ciel on ne va plus avoir de saisons et si on n'a plus de saisons il faudra produire de la chaleur pour faire pousser les légumes donc il nous faudra beaucoup de bois de chauffage donc les forêts disparaîtront donc on devra trouver un autre combustible peut être dans le sous-sol s'il n'y a plus rien sur le sol donc on détruira tout donc ce sera la fin du monde donc donc donc mais il y avait longtemps que Fuldegerbert n'écoutait plus les élucubrations d'Ingebald puisqu'il était d'une nature optimiste et qu'il avait confiance en Dame Nature qui saurait pourvoir à ses besoins ou au moins lui envoyer des écolos au bon moment voilà pourquoi il avait pressé le pas et arrivait maintenant en vue du marché coloré et bruyant comme tous les marchés de cette douce France cher pays de son enfance bercée de tendre insouciance qu'il gardait dans son cœur lorsqu'il partait à l'étranger ce qui arrivait assez rarement car il ne supportait pas de s'éloigner de la mer qu'on voit danser le long des golfes clairs avec des reflets changeants sous la pluie i e même s'il ne pleuvait pas tous les jours et par bonheur il ne pleuvait pas ce jour là tant pis pour les bottes qui lui tenaient chaud mais rien n'est plus triste qu'un marché pluvieux avec des chalands pressés de rentrer chez eux et des marchandes des quatre saisons cachant sous de vastes pelisses leur gorge alléchante de fait le meilleur des arguments de vente et Dieu sait si Erminilde la marchande de fromage était bien pourvue de ce côté-là crémeuse à souhait avec ce petit regard malicieux qui en disait long quand elle emballait en rosissant un pelardon odorant dans une feuille du figuier dont l'ombrage accueillant laissait à peine entrevoir la rondeur d'une cuisse ou la courbe d'un sein lorsque la jolie bergère se rafraîchissait en surveillant ses chèvres avant d'aller vendre ces petits fromages ronds et parfumés pour lesquels Fuldegerbert se serait damné et pour les seins d'Erminilde aussi surtout comparés à ceux de la poissonnière plate comme une limande avec des yeux de merlan frit mais cela n'avait pas d'importance car il était allergique au poisson donc il s'arrêta plutôt devant l'étal de Scholastique la charcutière toute rose et ronde dans son tablier également rose tout comme son petit nez retroussé et ses petits doigts dodus qui enveloppaient maintenant le chapelet de saucisses qu'il ferait griller dès ce midi sur un bon feu de sarments mais au fait à propos de chapelet il avait failli oublier de passer à l'église rendre visite à son ami Sulpice un saint homme à qui il fournissait régulièrement pour la messe un petit vin blanc gouleyant sorti de ses chais qui donnait à saint Sulpice ce teint joyeux et cette faconde particulièrement remarquable le dimanche lorsqu'il montait en chaire prêcher la bonne parole sur des interprétations personnelles et hardiment audacieuses des évangiles au prétexte qu'il était grand temps de dépoussiérer toutes ces vielles histoires sauf peut être le passage sur les noces de Cana auquel il accordait une place de choix dans ses envolées lyriques car il avait toujours eu un faible pour les prestidigitateurs et cet homme qui réussissait à changer de l'eau en vin était forcément un être d'exception dont il avait plusieurs fois et sans succès essayé de reproduire le numéro mais il promettait dans ses moments les plus emphatiques d'y arriver un jour ce qui ravissait son auditoire et lui assurait un public toujours plus nombreux tant et si bien qu'on avait dû organiser deux séances et il arrivait même qu'on refusât du monde ce qui était un peu contrariant surtout pour les gens qui avait fait plusieurs kilomètres à pied la gorge sèche dans l'espoir d'assister au miracle mais Sulpice leur faisait servir une pinte du vin de Fuldegerbert dont les affaires était de plus en plus florissantes puisqu'en repartant ils en achetaient une bonbonne afin de ne pas avoir fait le chemin pour rien enfin pas vraiment pour rien non plus car au passage par beau temps et le temps était souvent beau même si les défaillances de Grisegonelle pouvaient faire penser le contraire donc au passage avec un peu de chance ils pouvaient faire un brin de causette avec Brunehaut sur le chemin de l'église ou même entrevoir dans les lucarnes de la frondaison Erminilde sous son figuier et alors un peu éméchés par le petit vin de pays ils repartaient en chantant à tue-tête ah qu'elles sont jolies les filles de ce pays laï laï laï laï ah qu'elles sont jolies plus jolies que chez eux et ils s'en revenaient à regret enviant Fuldegerbert dont la vie s'écoulait joyeusement entre le bon vin les jolies filles et les saucisses de Scholastique en somme le paradis sur terre avec saint Sulpice pour animer les soirées barbecue qu'on avait pris l'habitude d'appeler soirées de l'ambassadeur depuis que le maître de maison représentait à la foire annuelle du canton la ville et ses spécialités dont cette fameuse pâtisserie en forme de rocher créée par Brunehaut en référence au promontoire sur lequel Fuldegerbert aimait à s'installer pour déclamer devant l'immensité marine quelque poème de sa composition car il avait une propension naturelle à l'alexandrin et se piquait d'avoir reçu un jour à sa table le cousin par alliance du grand Brianchateau qui en avait été charmé ce qui le plongeait dans une douce euphorie il s'imaginait fréquentant les salons littéraires de la capitale acceptant avec une feinte modestie d'offrir quelques strophes un quatrain un haïku au public en délire il signait ici un recueil là un feuillet quelques rimes même sur un coin de nappe on se disputait sa présence on le voulait on l'admirait on l'applaudissait on se l'arrachait on se pressait pour l'écouter on lui demandait son avis sur l'actualité et il le donnait on se pâmait on se serait damné même pour un mot ou juste un regard car outre son talent de poète il avait bien sûr le regard sombre mais de velours le cheveux savamment décoiffé la chemise toujours blanche entrouverte dans un négligé extrêmement étudié même lorsqu'il s'engageait dans de grandes causes humanitaires et se montrait sur le terrain avec sa fiancée une magnifique créature mi femme mi enfant éternellement jeune à la bouche pulpeuse fredonnant d'une voix cristalline des chansons à succès dont il écrivait les paroles

VVRRRRAAAAAAAAABBBBBBBAAAAAAAAAAAAAOOOOOOOOOOOOUUUUUMMM

perdu dans ses rêves de gloire Fuldegerbert était arrivé devant l'église où son ami Sulpice sonnait la cloche à toute volée avec une telle fougue que celle-ci se détacha et s'écrasa dans un vacarme assourdissant sur le poète dont le souhait fut immédiatement exaucé puisqu'il entra du même coup au paradis et dans l'histoire de l'art poético-culinaire avec cette crêpe créée par Brunehaut pour commémorer l'événement qui venait de placer Fuldegerbert étoile parmi les étoiles dans le ciel des immortels.


Annexe:

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

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